Poésies
Près de 1200 poèmes écrits à ce jour (© E. de Lavergnolle)...
En voici quelques-uns (difficile de les sélectionner !)...
Ni queue ni tête
Des larmes de croqu’Odile,
Des cheveux en bas taillent,
Une bouche encore et en cœur,
L’œil qui cligne ou qui frise…
Les mots jouent et déjouent
Nos schémas neuronaux…
Ecrire autrement
Et créer d’autres lumières…
Se tenir droit, commun I,
Avoir l’oseille aux aguets,
S’enfuir en quatre-quatre,
Pour voir le monde en peinture…
Poésie, quand tu t’y mets,
Le monde perd de son sens,
Mais il gagne en splendeur :
Beauté d’un Univers sans l’sens…
Visions
Mais où est ma Joconde,
Joyau de tous nos mondes ?
Quelque part sur Terre,
Elle habite mes prières…
Les heures blondes
Pleuvent et abondent,
Parfums de miel et d’hier,
Bouffées d’atmosphère…
Le vent d’une bombe
Tremble comme une onde,
Sorte de doux tonnerre
Soufflant sur le désert…
L’instant d’une seconde
S’est posée la colombe,
Friandise lunaire,
Envol imaginaire…
Un atome en automne
Quiétude monotone,
Le blues de l’automne,
Quand le réveil sonne,
Le jour nous assomme…
Le cœur sous la pluie,
Les feuilles rabougries,
Nous plongent dans un gris
Teinté par l’ennui…
Le ciel souillé tonne,
Au loin l’eau qui grogne,
Tout petit est l’homme,
Haut comme un atome…
Tel le point du i
Dressé sur l’oubli,
L’homme pleure et subit
Le temps du dépit…
Dérives
Dans les déserts
Sans vertical,
Le poids de l’air,
Voie capitale…
Les vents dérivent
Dans les coulisses…
Le courant ivre
Tournoie et glisse…
Les cerveaux planent,
Les idées volent…
Feu de havane,
Parfums d’alcool…
Les mots se perdent
En tourbillon…
Tout est ouvert :
La déraison…
Musulmane
Des yeux percent le voile,
Découvrant un fond de lumière…
Le tissu léger se lève,
Brûlé par mon ardent regard…
Le minaret de ma passion
Soulève des mystères ;
Des litanies racontent
L’amour fort qui m’envoûte…
Les rondeurs se font plus nues,
Le foulard se retire,
L’oripeau de ma flamme
Attise le feu de nos peaux…
Le rouge se mêle à l’ocre,
Les oranges veillent au-dessus,
Un alizé entre par la fenêtre,
Insufflant un air tendre de moiteur…
Mélovie
Les heures sombres,
Mots ou ombres
Visent les tombes
Comme des bombes…
Une lumière
Parcourt les airs,
Anime mes nerfs,
Réveil tonnerre…
Mon âme divague,
L’esprit est vague,
D’énormes vagues,
Un ciel maussade…
Puis l’embellie
Joue sur l’oubli,
Le cœur occis,
La joue rougit…
Dur éveil
Rayon d’soleil,
Le teint est blême…
Mauvais réveil,
Amour ou haine…
Une étincelle,
Un café crème…
Venue du ciel,
Un matin terne…
Vie de bohème,
Ouvrir ses ailes…
Loin des problèmes,
Pousse la graine…
Le désir sème
Dans nos sommeils
Des gènes qui mènent
Jusqu’aux merveilles…
Vent du sud
Souffles du vent du sud…
Les épices et les aromes volent
Sur nos cœurs en solitude,
Allumant ici ou là quelques fumeroles…
Les voiles et les arabesques
Les sourires et les folles illusions
Dansent sur des rythmes mauresques,
Qui font oublier au soleil l’horizon…
Les parfums de poivre et d’agrume
Qui ravivent mon âme vagabonde
Laissent alors entrevoir une forme brune
Sculptant en moi le meilleur des mondes…
La beauté des courbes de l’orient
Glisse sur mes pensées électriques…
Et sur le bord de mes espoirs latents
Flotte une silhouette idyllique…
Irradiation
Etendu sous le ciel,
Idées et bras en croix,
Les rayons forment un toit
Echappé du soleil…
Le sable chaud frissonne,
Mon corps fume et digère
Les vapeurs, l’atmosphère
Rafraichis par la mer…
Les nuages ronds laiteux
Dessinent des ombrelles
Dans un espace immortel
Où n’existe que le bleu…
Le vent des aimantes effluves
M’endort alors au rythme sourd
Des vagues et du creux ce jour,
M’humectant d’un zest de plénitude.
Cœurs de Paris
Paris boulot,
Ambiance cardio…
Quartiers, bistrots,
Constant tempo…
Paris bat fort
Du sud au nord…
Artères dehors,
La vie encore…
Sous le décor,
Public transport…
Voies ou vaisseaux,
Vibrant réseau,
Pouls du métro,
Des cœurs solos…
Soleil
L’esprit en rêves,
Le soleil vient,
Je te vénère,
Boule du matin…
Un bouton d’or
Glisse dans le ciel…
Fuyant le Nord,
Etend ses ailes…
Un rayon vert surgit
Sur le fil de l’horizon,
Comme un diamant qui luit,
En s’unissant au ciel blond…
Soleil, ton halo écarlate
Nous salue tous les soirs…
Lovés dans nos pénates,
Face à nous, le plus beau phare…
Froid espoir
Les longues plaines
De poudre et de neige,
La blanche traîne
D’un glaçant cortège
Givrent mon âme
D’une larme monotone,
Eteignent ma flamme
D’une main qui frissonne.
Les pentes de mon cœur
Tendent vers le nord,
La fleur de mes heures
Reste mon seul trésor…
Le faîte de mon corps
A caressé l’Eden,
Mais quoi de mieux encore
Qu’une lueur terrienne…
Facettes du i
Un point sur un i
Qui lévite
Qui crépite
Tel un feu de vie
Au sommet d’une bougie…
Comme un cri
Qui s’oublie
Le i gite
Prend la fuite
Du bruit l’ennemi…
Petit grain de riz
Proche de l’unique
Le i s’invite
Dans les guérites
Il regarde, droit et fixe…
Stalagmite
Dans la caverne du lexique
Jamais à demi
Le i mérite
Un fameux prix
Son point qui le sertit…
Saints nuages
Du ciel à la terre,
Des nuages qui volent…
Dans notre atmosphère
Blanches auréoles…
Le plafond lacté
Des nuées d’en-haut
Nourrit les contrées
De désir et d’eau…
Teintes d’ombres claires,
La palette des cieux
Dessine dans l’air
Les lettres des dieux…
Et les gouttes muettes
Entourées de bleu
Imprègnent nos têtes
D’un parfum venteux…
Naturel
L’été vole
Bas
L’oiseau chante
Haut
L’arbre pousse
Là
L’herbe glisse
Folle
Le vent tourne
Froid
La lune dort
Blonde
Les mots sonnent
Beaux
Le monde danse
Libre
God save the Queen
Un grand malheur
Secoue les âmes
Parmi les fleurs
De Buckingham
Les anglais pleurent
Le chapeau bas,
Tenues couleurs
Et petits pas
Le ciel affleure
Derrière ce deuil
Louanges et chœurs
La larme à l’œil…
La reine se meurt
Et Charles accourt
Quand il est l’heure
Un roi, un jour…
Décor pastel
Vent d’écume
Sur sable blanc,
Rayons pâles
Et peu de gens…
La brise lèche
Les vagues frêles,
Sur la grève
Ondoie le ciel…
Le silence
Se noie au loin,
Comme se perdent
Les embruns…
Nonchalance
D’un matin clair
Où résonnent
L’air et la mer…
Tour d’ivoire
Chasser le temps qui passe,
Le filet haut, les idées basses…
Cueillir les instants qui lassent,
Et ne rien attirer dans sa nasse…
Le souffle des vents chauds
Allume des rêves verticaux…
La nuit me rattrape au lasso,
Me plongeant dans de troubles eaux…
La plage s’étend plus loin que jamais,
Le gris s’est approché de près…
Je me perds dans ce décor sans apprêt,
Puis je me terre en mon intime palais…
Les jours sont courts, les idées fusent.
L’espace est clos, le temps m’amuse…
En haut d’une tour, il y a ma muse,
Ame blanche qui me perfuse…
Clair-obscur
Le temps long puis l’instant blond,
Tunnel sans fin et lueur jaune…
De l’or comme grand horizon,
Il fait noir au cœur du cyclone…
Décor sombre d’une vie pâle,
Des baisers qui éclairent les cœurs…
Au bout d’un affectif dédale,
Une bougie conduit au bonheur…
L’obscur recherche la lumière,
Des pensées tristes pour une étoile…
L’éclair se dessine dans les airs
Quand l’orage dépose son voile…
Course effrénée dans le désert,
Nuit noire sur parterre vierge,
Au loin déambulent les zèbres,
Mélange de cendre et de neige…
La Terre est une blonde
La Terre est une blonde,
Jolies courbes, le regard libre…
La Terre est une ronde,
Pas de danse, à l’équilibre…
La Terre est comme une onde,
Vagues lasses, marées basses…
La Terre toujours féconde
Nous chérit, nous enlace…
La Terre, belle vagabonde,
Bijou de l’Univers…
La Terre, silhouette oblongue,
Nue sous un ciel solaire…
La Terre, une colombe
Au rameau solidaire,
S’envole autour du monde,
Vêtue d’air et de vert…
En optimiste
Un trapèze blanc
Vole sur l’azur
Embruns, vive allure
Sur la cime du vent…
En quête d’horizon
Le cheveu léger
Et les yeux levés
Un ange défie les fonds…
Une terre apparaît
Sables du lointain
Le plus beau dessin
Qui devient projet…
Le trésor est là
Montagne de mûres
Petite aventure
Loin de l’ici-bas…
Chambres avec vue
Sous les toits de Paris,
Les amoureux s’envolent,
Le corps là, l’âme qui rit,
Et les cœurs hors du sol…
Les refrains des mansardes
S’élèvent dans les cieux,
Le bon temps s’y attarde
L’espace est dans leurs yeux…
Les ondes attractives
Offrent des mélopées…
Les mots des amants vivent
A l’ombre des greniers…
Sous les nids faits d’amour,
Les murs de la raison
Hissent des chambres sur cour
Où logent les passions…
Vert-tige
De grands saules-pleureurs chantent
L’amour de l’instant éphémère…
Quelques abeilles butinantes
Offrent aux fleurs des jours prospères…
Les rossignols bruissent et attisent le ciel,
Choristes de la vie qui s’élève…
Les tiges vertes ouvrent leurs ailes
Nourries par une chaude sève…
L’homme croît aussi, avant de croire…
Ebloui par des rêves, des délires,
Il fuit l’ici-bas et ses amarres
Pour des vertiges qui l’attirent…
L’homme sème la foi et récolte le divin
Afin de déflorer le fond de l’azur…
Mais sachons que c’est en cultivant son jardin
Que nous atteindrons la plus haute droiture…
Covid, vie vide
Les yeux penchés sur ma tasse,
Je rumine les mois qui passent…
Alentours, les rideaux sont fermés…
Seul dans ma courte éternité…
Au loin, quelques femmes jacassent,
Mais le silence a envahi ma nasse…
Pourquoi manger, pourquoi travailler
Quand l’horizon se trouve à mes pieds ?
Progressivement je perds la trace
Des beaux déjeuners en terrasse,
Des concerts, du vent ou des musées…
Ne reste que des bribes d’humanité…
Café froid, le temps lasse…
Devant je vois l’impasse,
Un peu plus loin des policiers,
Limites de ma liberté…
Les cris des cormorans
Les cris des cormorans
Essaiment sur la digue
Des mélodies d’antan
Ou plutôt quelques bribes…
Le grand ciel nous dévoile
Des voix pures invisibles…
En-deçà des blancs voiles,
Parlent les esprits libres…
J’entends le cri des oiseaux
Qui susurrent à l’oreille
Des chants doux, de bons mots,
Reflets d’un espace qui nous veille…
Les oiseaux meurent on ne sait où,
Leurs voix s’envolant vers l’ailleurs…
Mais les échos des aigles, des coucous
Gisent là, dans nos refrains intérieurs…
Au ciel
Les nuées blanches
Parsèment le ciel…
Traînent des franges
Un peu rebelles…
Le bleu s’efface
Sous le diktat…
De larges traces
Le rendent bleuâtre…
Les linceuls blancs
Des cieux, des tombes
Font des vivants
Des êtres sombres…
Une échappée
Vers le soleil
Montrent les clés
De l’éternel…
Eclats de mer
L’azur se dresse
Parmi les eaux,
Tel une fresque
Soufflant le chaud
Un goéland
Perçant le bleu,
Le trait est blanc
En bas des cieux
Sous le zénith,
Le soleil glisse,
Quelques pépites
D’or améthyste
Des perles jaunes
Colorent la voûte,
Un goût de rhum,
Céleste goutte…
Grand déballage
Déversement de mots,
Le passé vient dans le présent,
Derrière les paroles, les mots,
Sur la table, dires et boniments…
Au sein du noir, une lueur,
La langue s’est déroulée,
Un soleil se lève sur la torpeur,
Un ciel bas recouvrant les pieds…
La tête au-dessus de l’eau,
Les idées démêlées,
Les cheveux sans chapeau,
Discussions le cœur bé…
Quand le langage défile,
La pensée s’en échappe :
Rendre la mauvaise bile,
Respirer… L’air pur se happe…
Moon story
Couché sur la lune,
Les idées pâles, l’esprit en berne,
Mes rêves s’allument
Au-dessus du matin terne…
Les couleurs de la Terre
Brillent dans ma nuit,
Ravivées par le bain de lumière
Sur lequel j’ai fait mon nid…
Là, sur mon lit argenté,
Le corps léger, les pensées courtes,
Mon âme est balancée
Par la céleste voûte…
Des rêves défilent
Sur les crêtes de cire
Comme si c’était un film,
Histoires de mondes, histoire ivres…
L’appel de la sirène
Quand le vent souffle et siffle
Au milieu des récifs,
Le chant de la sirène
S’engouffre dans ma peine…
Je noie dans l’horizon
Mes rêves en sable blond,
Au loin une voilure
Emporte mes blessures…
Le murmure des marées
A tapissé mes pieds,
L’eau des fosses profondes
Sur mon corps vagabonde…
Je louvoie, je dérive
Pour gagner l’autre rive…
La sirène m’accueille :
Ses écailles mes écueils…
Comme d’habitude
Un lit froid,
Lendemain,
Sous mes draps,
Le matin…
Les yeux clos,
L’oreille dure,
Il est tôt,
Couverture…
Un peu d’eau,
Confiture,
Pas un mot,
Vide-ordure…
Jour en trop,
Deux chaussures,
Mal au dos,
Faible allure…
Le métro,
Coin obscur,
Au boulot,
Mes quatre murs…
Un point, c'est tout
Une virgule blonde,
Un phrasé soyeux,
Une milliseconde,
Le plaisir des yeux…
Pure exclamation,
L’air est en suspens…
Moments de fusion
Qui arrêtent le temps…
Interrogations,
Et l’esprit divague…
Le rêve est passion
Et le futur vague…
Au bout de la phrase,
L’appétit est vain…
La plus belle extase
Est là dans le point…
Pluie parisienne
Les lueurs pâles
D’un jeudi gris
Ouvrent le bal
D’un jour de pluie…
Les nuages pleurent,
Les gouttes tombent,
La peine affleure,
Eaux vagabondes…
Sous le ciel noir
Des âmes blanches,
Les uns s’égarent,
Les autres flanchent…
Et quand survient
Une éclaircie,
Sort l’écrivain,
Paris revit…
Quand l’Art éclot
Sous les matins
Du soleil mort,
La lumière vient,
Le ciel adore…
Le bleu affleure,
De l’est voilé,
L’horizon pleure
La nuit lésée…
Les étoiles meurent
Sous les heures claires,
Nouveau bonheur,
L’avenir en vert…
Les herbes courent,
Des oiseaux parlent,
Aussi l’Amour,
Et puis vient l’Art…
Notre-Dame en feu
Ma petite pierre à l'édifice...
Notre-Dame
Legs des ans
Proie des flammes
Tristement
Siège des âmes
Ta pierre dure
Le bois fane
Face obscure
Sous le drame
La croix règne
Chaudes larmes
Flèche en berne
Belle dame
Faite de foi
Ton saint charme
Renaîtra
Période glacière
Les alizées du grand Nord,
Le cœur noir et l’air bien dense,
Soufflent sur mon blême corps
Un froid sec aux parfums rances…
Pris dans ce mauvais transport,
Je subis de front l’offense...
Le tronc plie mais l’arbre est fort,
Modelé dans la malchance…
La pluie a couvert le sort
De longs pleurs et d’aberrance…
Au-dedans vit le dehors,
Et partout règne la distance…
Epuisé, je vais, je dors
Au milieu de la béance…
Guetter alors les aurores,
Vains espoirs de délivrance…
Au fil de l’eau
Un ruisseau s’éveille, en bleu et argent,
Emmenant avec lui les traces de l’hiver
Issues de l’en-haut et des matins tout blancs,
Son but est nourrir les pousses maraichères…
Tout au long du fil de la rivière,
Des herbes, des oiseaux et des cailloux volent,
Bercés par l’onde fraîche et printanière
Qui serpente et court, heureuse et folle…
Bain de jouvence pour les grenouilles,
Elles plongent, elles sautent, l’esprit au vert…
La vague est vive, et elles se mouillent,
Tout en savourant les parfums des airs…
Des branches aux bourgeons neufs chatouillent
Le haut des flots, les rochers beiges,
Pendant que quelques feuilles en vadrouille
Jouent avec le clapot des eaux de doux arpèges…
Carton jaune
Jeune, dans la faune
Des gilets jaunes…
Les râles tonnent,
La rue qui grogne…
Fou, dans la foule
Ardente et soûle…
Pastis qui coule,
Paris qui croule…
Gueux, dans le feu
D’un vilain jeu…
Montagnes de pneus,
Nuages bleus…
Chèvre dans la fièvre
Toujours sans trêve…
Le marche ou crève
N’est qu’un vieux rêve…
Une faim de mouette
Une mouette
Non muette,
Fluette,
Qui rit,
Qui crie
L’envie
D’un ver
De terre,
Prospère…
Si cher
Dessert,
Parterre…
Loin l’eau,
L’oiseau
Badaud
Béquette,
Caquette…
C’est chouette !
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